Menu


Accueil

Fanfictions

Auteurs

Le Film Resident Evil

Resident Evil Gaiden

Wesker's Report II

Liens

About Me

Contact

Mad Place !Un site francophone dédié aux Fanfictions
 


Resident Evil - Genesis - Chapitres 9 et 10
Auteur : Nassar
Genre : Épouvante/Action/Aventure - 10 chapitres - Non finie
Date de parution : 2002


Chapitre 9

Kaplan et Alice pénètrent dans le Sanctuaire. La porte blindée se referme derrière eux. Kaplan fait signe à Alice que ça n’a aucune importance. Au centre de la pièce se trouve une sorte de trappe cylindrique d’un mètre de diamètre. Kaplan s’en approche, la manipule. La trappe s’ouvre comme un diaphragme d’appareil photo. Une console arrondie et métallique, le cœur du système informatique de la Ruche, s’élève au centre de la pièce. Elle stoppe son ascension à hauteur de ceinture. Avec l’aide d’Alice, Kaplan installe la partie basse du générateur IEM sur la console ; l’axe du générateur s’y engage sans difficulté. Puis ils glissent sur leurs guides les différentes pièces chromées contenues dans le sac d’Alice. Kaplan verrouille l’ensemble, en vérifie les commandes à l’aide de son ordinateur portable.
« Je contrôle une dernière fois que j’ai la mainmise sur le système d’ouverture et de fermeture des portes... »
Alice se dirige vers la porte blindée pour tenter de voir ce que fabrique Spence. Soudain plusieurs rais de lumière rouge découpent l’espace du Sanctuaire et l’incitent à se retourner. Il ne s’agit pas d’un système de défense, mais d’une projection holographique. Une petite fille apparaît entre Alice et Kaplan. Rouge de pied en cap, elle mesure environ un mètre vingt.
« Vous n’avez rien à faire ici ! » s’écrie-t-elle.
Il y a de la colère dans cette voix. Ce qu’elle vient de dire est plus qu’une menace, c’est une menace de mort. Kaplan s’approche d’Alice.
« Quoi qu’elle dise, ne croyez pas cette petite peste. C’est une représentation holographique de Red Queen.
- Vous n’avez rien à faire ici ! reprend l’hologramme. Vous devez partir. Maintenant ! »
Alice jette un coup d’œil à sa robe rouge.

« Qui a servi de modèle à cet hologramme ?
- C’est la fille du programmeur à l’origine du système.
- Je vous préviens, annonce la petite fille, me mettre hors circuit vous condamne. Il n’y aura alors plus aucune source d’énergie dans la Ruche, ce qui va provoquer l’ouverture de toutes les portes que j’ai volontairement condamnées. Vous n’avez pas la moindre idée des conséquence de vos actes... J’ai bien œuvré, même si vous croyez le contraire.
- Ne l’écoutez pas, Alice, elle essaye de vous faire peur, de vous obliger à douter. Elle dira n’importe quoi dans l’unique but de nous empêcher de mener à bien notre mission.
- Je vous en supplie, demande la petite fille en rouge, ne me coupez pas...
- Tu ne nous as pas laissé le choix ! lui assène Kaplan.
- Je sais que j’ai été une vilaine fille, mais je vous en supplie… »
Kaplan allume le générateur en basculant le commutateur principal. Il prend la commande à distance et invite Alice à le suivre. Ils se plaquent contre le mur, à l’abri de la décharge électromagnétique qui va être libérée. Face à cette intimidation, Red Queen devient plus menaçante. La petite fille effrayée est devenue une sale gamine qui prépare un mauvais coup, qui va craquer une allumette et mettre le feu à la demeure familiale.
« Vous allez tous mourir ici », annonce-t-elle.
Kaplan regarde l’hologramme droit dans les yeux et appuie sur le bouton de la télécommande. Au moment où le générateur IEM envoie sa décharge au cœur du système, l’hologramme clignote au cœur du Sanctuaire. Retentit alors comme un hurlement aigu, puis l’image tridimensionnelle disparaît. Les lumières s’éteignent, plongeant Kaplan et Alice dans l’obscurité la plus totale.
« Il y a  un circuit électrique de secours prévu pour fonctionner en cas de défaillance du système principal », murmure Kaplan. Alors qu’il vient à peine de finir sa phrase, les lumières reviennent, plus faibles, presque tamisées.
« Et maintenant ? demande Alice.
- J’ai encore un truc à faire sur ce putain de système et on rentre chez nous.
- Promis ?
- Promis », lui assure Kaplan en souriant.

*

Dans le réfectoire B, Rain, Matt et Jumpy se retrouvent soudain plongés dans le noir. Ne restent visibles dans les ténèbres environnantes que les témoins verts des containers. Des témoins de sécurité qui, bientôt, passent au rouge, les uns après les autres.
« Merde, manquait plus que ça », s’exclame Jumpy. Au bout de quelques secondes, qui semblent interminables, le système électrique d’urgence se met en marche. Une lumière bleutée inonde le réfectoire. Bien que le système électrique d’urgence ait pris le relais, les témoins de sécurité restent désespérément rouges. Des chuintements de mauvais augure se font entendre au niveau de certains containers réfrigérés, suivis de peu par des bruits de ferraille qui travaillent, de verrous qui claquent. Matt s’approche de Jumpy pour lui parler à voix basse.
« Vos aquariums à cancrelats s’ouvrent les uns après les autres… Je suis pas sûr qu’on soit vraiment en sécurité ici.
- C’est que des trucs gelés à moins cent quatre-vingts degrés, j’crois pas qu’on ait quelque chose à craindre », lui répond le soldat, sans paraître vraiment convaincu par son discours. Rain tripote sa radio.
« Wayne ? ici Jumpy et Rain. Quelle est votre position ? »
Aucune réponse. Jumpy s’approche de Rain.
« Essaye encore.
- Chef ? Ici Jumpy et Rain… Quelle est votre position ? Nous sommes toujours à notre poste, dans le réfectoire B, et il s’y passe des trucs pas très catholiques. »
Des bruits se font entendre à un rythme régulier. Des bruits de pas. Comme si un géant avançait vers eux, lentement. Rain essaye une nouvelle fois de contacter le reste du commando. Silence radio.
« Peut-être qu’ils ne peuvent pas nous entendre là où ils sont, c’est juste les ondes radio qui passent pas. »
Les bruits de pas se rapprochent.
« C’est quoi ce br…
- Ta gueule, flicard !
- Hé, GI Jane, ce sont des containers à verrouillage magnétique ! hurle Matt. Plusieurs de ces saloperies se sont ouvertes et vous avez vu tout comme moi ce qu’il y a l’intérieur. Vous comprenez ce que ça implique, oui ou merde ?
- Mais bordel, comment tu sais tous ces trucs-là alors qu’on a été briefés et qu’on sait que dalle ? demande Rain.
- J’ouvre les yeux et je réfléchis. On est plantés devant un de ces containers à la con depuis plus de vingt minutes, ça permet de voir et de comprendre des trucs. Entre autres de reconnaître une serrure magnétique. »
Jumpy se tourne vers Rain.
« T’avais remarqué que c’étaient des serrures magnétiques ?
- A ton avis… Je suis mécano spécialiste en Ford Mustang tombées du camion, pas spécialiste en cancrelats frigorifiés huit cent mètres sous les pissenlits. »
Au loin, on entend le bruit d’une grande quantité d’eau libérée violemment, des milliers et des milliers de litres. Les laboratoires noyés, comprend Rain. La voie d’accès numéro 1 est de nouveau praticable.
« Faut se bouger ! hurle Matt.
- On a des ordres, connard !
- Et qu’une seule vie…

*

Kaplan dévisse le panneau de contrôle de Red Queen.
« Qu’est-ce que tu fous ? lui demande Alice.
- Je m’assure que Red Queen est neutralisée, mais pas complètement détruite.
- Je suppose que c’est un sacré investissement qu’Umbrella Corporation aimerait récupérer.
- On peut dire ça.
- Ca doit faire chaud au cœur de Wayne, quel que soit l’endroit où il se trouve maintenant.
- Wayne connaissait les risques… »
Alice regarde ce que fait l’informaticien, elle l’observe avec la plus grande attention. Le black-out a ouvert la porte blindée du Sanctuaire et la porte de la salle de contrôle où les attend Spence.
« Red Queen est neutralisée pour trente secondes, pas plus...
- Et ?
- Faut que je mette le génie dans la bouteille avant que cet enfoiré reboote. Faut que je réduise au maximum son potentiel.
- Sinon ?
- Si elle a pas trop morflé, elle peut trouver des failles dans mes programmes et s’en servir.
- Et alors ?
- On finit comme Wayne, en apéricubes spécial Halloween… T’avais vraiment besoin de poser la question ? »
Kaplan retire des entrailles de Red Queen une sorte de long boîtier noir muni de rails. Il le déconnecte avec précaution, le manipule comme on manipulerait un engin explosif équipé d’un contacteur au mercure. Puis refait un branchement sans ce boîtier.
« C’est quoi ? lui demande Alice.
- La carte mère sur laquelle est stockée la personnalité évolutive de Red Queen. Le mauvais génie, si tu préfères… »
Kaplan enfourne la carte mère dans son sac à dos.
« Et voilà sa bouteille. » 

*

Avec la pointe de son couteau de combat, Rain se gratte le dessous des ongles. Elle sait que ça a tendance à agacer Jumpy. Matt, malgré ses menottes, s’est hissé sur une caisse d’où il domine légèrement les deux membres du commando.
« On en est où ? » demande Jumpy.
Rain regarde le compte à rebours de sa montre.
« Ils sont en retard. Reste une heure et vingt-sept minutes. »
Elle se tourne vers Matt :
« Et toujours pas de gros cancrelats dégueulasses en vue, monsieur le policier… »
Rain entend un léger craquement, comme si quelqu’un avait marché sur une brindille. Elle se met sur ses gardes et tend l’oreille. Jumpy se tourne vers Matt.
« C’était quoi ?
- Je sais pas. »
Jumpy sourit :
« C’est toi l’intello de la mission, c’est à toi de savoir ce genre de trucs. »
De nouveau un léger craquement retentit dans le réfectoire B, déchirant la conversation en cours.
« Je m’en occupe, Jumpy, reste avec le prisonnier », annonce Rain en rangeant son couteau de combat. Elle arme son fusil d’assaut et se dirige vers la source du bruit, sans se presser, sans se traîner.
« Elle a jamais peur ? » demande Matt.
Jumpy ne se donne pas la peine de répondre, il se contente de sourire en continuant de surveiller les environs. Au bout de quelques secondes, maintenant que Rain n’est plus à portée de voix, il se tourne vers le flic.
« Je crois qu’elle t’aime bien et qu’elle a envie de te montrer, de nous montrer à quel point elle assure. T’as intérêt à ce qu’elle revienne...
- Ah oui ?
- Oh, pas pour ce que tu crois... C’est elle qui a les clés de tes menottes, flicard. »

*

Rain avance entre les containers réfrigérés, arme à la main. Soudain, sur sa gauche, elle entend un bruit métallique, comme celui produit par un barre d’acier que l’on traînerait sur un sol de béton. Elle regarde dans cette direction, mais ne remarque rien. Elle longe les containers et s’approche de l’escalier donnant sur les laboratoires qui étaient noyés jusque-là. Elle s’arrête quelques secondes. En tendant l’oreille, elle tourne sur elle-même, lentement. Il plane un silence absolu sur cette partie du réfectoire B, elle n’entend ni Jumpy ni Matt ; sans doute gardent-ils eux aussi le silence.
Y a que dalle...
Elle enjambe quelques conduites de refroidissement, toujours à la recherche de la source de ce bruit métallique. La brume d’azote liquide qui baignait encore les lieux vingt minutes plus tôt a totalement disparu. La pièce s’est étonnamment réchauffée, il y règne maintenant une douceur printanière qui pousse vers Rain un certain nombre d’odeurs désagréables : relents pharmaceutiques, fragrances de chairs en putréfaction.
Il doit y avoir des cadavres pas loin.
A quelques mètres sur sa gauche, elle voit un tube métallique rouler sur le sol. Elle avance dans cette direction. Elle contourne le container et se retrouve face à une femme en blouse blanche. Celle-ci se tient debout avec difficulté, accoudée à un caisson réfrigéré. Son corps, visiblement maltraité, se balance d’avant en arrière, comme bercé par une nourrice invisible. Ses cheveux, long et sales, lui tombent sur le visage et cachent tout de son expression. Rain range son fusil et avance vers elle calmement décidée à ne pas la terroriser. Souvent les survivants d’une catastrophe industrielle ayant entraîné la mort de nombreux collègues de travail culpabilisent d’en avoir réchapper ; ils sont alors susceptibles d’avoir des réactions irrationnelles et violentes.
« Jumpy ! On a une survivante ! » hurle Rain en direction de son coéquipier.


Chapitre 10

Essayant de manifester l’attitude la plus apaisante possible, Rain avance vers la survivante. Elle a passé son arme en bandoulière et mit ses mains bien en évidence, paumes vers l’avant. Les lèvres étirées en un léger sourire, elle pose les mains sur les épaules de la femme en blouse blanche. Celle-ci semble désorientée, comme sous l’emprise d’une grande quantité de neuroleptiques.
« Vous allez bien, madame ? »
La survivante lève la tête. Ses cheveux noirs s’écartent, laissant apparaître son visage. Sa peau est affreusement pâle et donne l’impression de couvrir une chair vidée de tout son sang. Ses yeux bleus sont ternes : cornée sèche, vaisseaux sanguins jaunis, éclatés. Tout son être exhale une puanteur atroce où se mêlent le faisandé et l’odeur hautement répulsive, acide d’une méchante diarrhée.
Mais bordel, qu’est-ce qui lui est arrivé ?
« Madame, tout va bien maintenant, nous sommes là pour vous aider… »
Sans prévenir, la survivante se jette sur Rain et lui mord la main avec une violence inouïe. Tout en hurlant sous le coup de la douleur, Rain repousse l’hystérique de toutes ses forces, mais cette dernière n’a semble-t-il aucune intention d’en rester là. Elle charge de nouveau. La bouche pleine de sang, elle saisit Rain à bras-le-corps et la déséquilibre. Toutes deux tombent et commencent à lutter sur le sol glacé.
« Tu vas me lâcher ! » hurle Rain avant de donner un coup de tête à son agresseur, dont le corps est étonnamment froid. L’attaque n’a eu aucun effet. Le regard de Rain plonge dans celui de cette pauvre folle. Elle n’y voit rien d’autre que le froid de la mort qui a fait son office, qui a fauché l’âme de cette créature. Aucune étincelle de vie ou d’humanité. Aucune compassion. Juste une faim terrible, un appétit grotesque qui semble dénué de limites. Rain entend quelqu’un accourir ; elle reconnaît le bruit d’une paire de rangers.
« Jumpy, débarrasse-moi de cette pute ! »
Le soldat obéit et saisit l’hystérique. Il la jette sur le côté de toutes ses forces. Celle-ci roule sur deux mètres et reste à terre, immobile.
« Cette salope m’a mordue à la main et m’a carrément arraché un bout de chair, se plaint Rain.
- Montre-moi… »
Jumpy jette un coup d’œil à la plaie de sa coéquipière. Il grimace et se tourne vers la survivante qui s’est relevée et avance maintenant vers lui, menaçante. Il la met en joue avec son pistolet, un 45 chromé. Il tire le percuteur en arrière.
« Tu bouges pas ! »
La femme en blouse blanche fait un pas en avant.
« Reste où tu es ! Je t’ai prévenue… Reste où tu es ! hurle Jumpy.
- Elle a les fusibles fondus ! s’exclame Rain. Et elle est froide comme si elle sortait de la morgue.
- Reste où t’es ! »
La femme en blouse blanche s’élance. Jumpy ouvre le feu. Une balle dans le haut de la cuisse gauche. Elle s’arrête une seconde et se remet à avancer en boitant. Les yeux grands ouverts, écarquillés par ce spectacle surréaliste, Jumpy lui colle une balle dans le genou droit pour l’immobiliser. La survivante ne s’écroule pas pour si peu. Elle se met à hurler et fait un pas en avant, puis un autre, plus agressive que jamais. Jumpy lève son arme et lui loge une balle dans la poitrine. L’hystérique recule à peine pour compenser, absorber l’énergie cinétique du projectile qui aurait dû la terrasser. Elle semble insensible à la douleur provoquée par les balles, tout juste concernée par les dégâts occasionnés aux muscles et aux os.
C’est dingue, elle ne ressent aucune douleur. Droguée ?
Jumpy ouvre encore le feu à deux reprises, prenant bien soin de viser le cœur. Surpris par l’inefficacité de ses tirs, il fait un pas en arrière au moment précis où une rafale soutenue envoie voler l’hystérique à plusieurs mètres. Le corps en blouse blanche exécute une sorte de saut périlleux arrière et s’écrase dans un amoncellement de tuyaux de refroidissement. Jumpy se tourne vers Rain qui tient son fusil d’assaut avec détermination. Le canon de l’arme fume très légèrement.
« Merci !
- De rien, Jumpy.
- Putain, quand je pense que je lui ai collé cinq balles, dont trois dans la poitrine. Jamais vu un truc pareil… C’est du 45 à balles expansives, pas du 22 long rifle. Tu chopes un mec à l’épaule, ça lui arrache le bras.
- Ta cliente, c’était pas un mec, Jumpy, ni une pétasse… Tu l’as vu aussi bien que moi…
- Qu’est-ce que tu racontes ? »
Matt s’approche des deux commandos encore sous le choc du combat insensé qu’ils viennent de livrer. Suivent aussitôt Kaplan, Alice et Spense, essoufflés.

*

« Qu’est-ce qui s’est passé ici ? C’était quoi ces coups de feu ? demande Kaplan.
- On a trouvé une survivante, lui répond Rain.
- Et vous l’avez flinguée ?
- Cette salope était complètement off. Elle m’a attaquée. Elle m’a bouffé la moitié de la main. »
Matt a repéré sur le sol le trousseau de clés que Rain a perdu durant la lutte. Il s’accroupit discrètement pour le récupérer et le glisser dans la poche arrière de son pantalon, pendant que les autres se disputent pour savoir s’il était vraiment nécessaire de dessouder miss « j’ai faim et je suis sûre que vous avez bon goût ».
En souriant, Rain montre sa main mutilée à Alice ; il lui manque un bout de chair à la naissance du pouce et de l’index et certains de ses tendons ont été sectionnés. Elle récupère un aérosol, une bande Velpeau et des compresses dans la poche de son pantalon. Puis nettoie la plaie, pose une compresse stérile dessus et se bande la main.
« Oh merde ! s’exclame Jumpy qui s’est approché de l’endroit où la dévoreuse s’est écrasée.
- Quoi ? demande Kaplan.
- C’est pas possible ! J’arrive pas à y croire… Elle s’est tirée !
- Quoi ?
- Je vous dis qu’elle a disparu. Pourtant, on lui a mis facile dix balles dans le corps… Personne ne… »
Alice s’approche de Jumpy et pose un genou à terre.
« Il y a du sang. Très peu. »
Matt les rejoint.
« Il est coagulé… C’est impossible.
- Et pourquoi c’est impossible ? lui demande Jumpy.
- Parce que le sang ne coagule pas dans vos veines, sauf si vous êtes mort.
- Et alors, je vois pas le problème, il a coagulé là, sur le sol.
- Sur un sol gelé, en moins de vingt secondes ? Y avait pas de cours de secourisme dans ton école de baby-rambos ? »
Mouché, Jumpy grogne quelque chose d’incompréhensible.
« On pourrait pas y aller maintenant ? demande Spence.
- Faut attendre le reste de l’équipe, lui reproche Rain.
- On est tous là, annonce Kaplan, après avoir hésité quelques secondes à prendre la parole.
- Mais bordel de merde, de quoi tu parles ? s’exclame Rain. Il faut que Stomaïer me rafistole la main mieux que ça… Et Wayne ? Il faut aller chercher Wayne et les autres.
- Stolmaïer, Pinker, Goerden... Wayne... Ils sont tous morts... tués par Red Queen.
- Quoi ? Comment ?
- Un système offensif dans le couloir d’accès... On n’a rien pu faire. »
Un silence pesant s’installe dans le réfectoire B. Parce qu’il a vu la façon dont Wayne se comportait avec Rain, Matt observe cette dernière. Au moment où il a l’impression qu’elle va s’effondrer pour pleurer, elle se raidit, plus farouche que jamais, prête à affronter la suite des événements. Brusquement, Jumpy ordonne à tout le monde de se taire.
« Quoi encore ? demande Spence.
- Chut. »
Matt entend de nouveau ce bruit de barre métallique que l’on traîne par terre. Le groupe se resserre, armes à la main. Matt en profite pour saisir dans sa poche le trousseau de clés. En forçant au maximum sur ses cervicales, il repère celle qui ouvre les menottes et essaye de la glisser dans le verrou. Même en se tordant les mains, en martyrisant ses poignets, il n’y arrive pas, d’autant moins qu’il lui faut rester discret.
A quelque mètres du groupe, un homme contourne un container. Il tire une hache d’incendie derrière lui. Sa peau est trop claire, quasiment grisâtre. Ses yeux sont laiteux. Un autre survivant apparaît sur la gauche, hirsute, les chaires livides et bouffies. On dirait un noyé ayant passé plusieurs jours dans une eau stagnante. Les deux nouveaux venus avancent d’un pas hésitant vers le groupe et semblent à peu près en aussi bonne santé que Lénine dans son mausolée. Puis d’autres cadavres ambulants apparaissent. Ils sont maintenant plus d’une dizaine qui convergent vers le commando.
« Il y en a derrière nous ! s’exclame Alice.
- Il y en a partout !
- Mais dites-leur de ne plus avancer ! hurle Spence, à deux doigts de céder à la panique.
- Tu vois pas qu’ils en ont rien à foutre de ce qu’on peut leur dire, connard ! T’as qu’à leur proposer de faire un petit feu de camp et de chanter quelques chansons scoutes pour les calmer ! » lui hurle Rain en épaulant son fusil.
Les membres du commando se serrent les uns contre les autres pour se couvrir et contrôler tout le périmètre. Ils sont maintenant encerclés par une vingtaine de zombies qui avancent les bras en avant, parfois en geignant. L’un d’eux a la moitié du visage arrachée, un autre a perdu un bras. La cheville droite de l’homme à la hache est cassée à angle droit. Son pied l’accompagne à chacun de ses pas, comme un gros parasite collé à son bas de pantalon.

A SUIVRE...