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Resident Evil - Les hommes de l'ombre
Auteur : Double X Minus
1 chapitre - Complet
Date de parution : 2001


Disclamer : Tous les lieux, monstres et personnages présents dans cette histoire ayant un quelconque rapport avec Resident Evil, sont la propriété exclusive de Capcom.
Bonne lecture !

Infos : Cette fanfic se déroule pendant RE3 Nemesis et raconte le fiasco de la mission menée par les troupes de l’UBCS.


Les hommes de l'ombre
By Double X Minus


C’était un hôtel miteux, un refuge bon marché pour les maris infidèles, et les touristes aux revenus modestes. Il se situait à la périphérie de la ville, un peu à l’écart des quartiers résidentiels. Quelques mercenaires de l’UBCS avaient provisoirement élu domicile dans une des chambres du second étage de celui-ci, afin de s’y reposer, et de faire le point sur la situation.
La pièce était sommairement meublée et mal éclairée, cependant elle leur offrait un abri sûr. Mais pour combien de temps encore ?
Ils étaient cinq ; cinq mercenaires qui avaient échappé au massacre, au carnage, à la boucherie et pour finir à l’incroyable fiasco qu’avait été leur mission. Ils faisaient parti de l’unité 16 Bravo, l’une des nombreuses escouades de l’UBCS envoyées à Raccoon City pour porter secours à la population (officiellement) et plus particulièrement aux hauts placés des filiales de leur employeur (officieusement) afin de récupérer les résultats de leurs recherches. Le cauchemar avait commencé dès leur arrivée en ville, pour sembler ne plus jamais s’arrêter.
Durant les dernières heures, ils avaient vu le nombre de leurs camarades et de leurs munitions fondrent comme neige au soleil. Leurs frères d’armes, leurs amis, avaient subi une mort atroce : dévorés vivants par les autochtones qu’ils étaient censés secourir. Puis ils avaient été séparés du groupe du colonel Hart par l’attaque d’une poignée de lickers. Depuis lors, ils n’avaient plus qu’une seule chose en tête : leur survie. Ils se fichaient pas mal des scientifiques d’Umbrella qui attendaient leur venue, barricadés dans un entrepôt transformé en laboratoire, non loin d’ici. Ils pouvaient aller se faire voir, d’ailleurs ils étaient sans doute déjà morts ; ou même morts-vivants.
Le sergent-chef Zemke, parcourait rapidement du doigt la carte de Raccoon City qu’on lui avait remise dans l’hélicoptère qui le transportait vers l’horreur. Il cherchait désespérément à repérer leur position. Dans quelle rue pouvait bien se situer ce fichu hôtel ? La seule chose qu’il savait c’était que ses hommes et lui étaient près des quartiers résidentiels, mais où ? Zemke poussa un long soupir en repoussant la carte, puis pour se détendre un peu, il sortit un paquet de cigarettes d’une poche de son treillis, et en alluma une. Il en tira une longue bouffée, qu’il expira rageusement. Kendar, un Sud-africain mesurant deux bons mètres, et qui aurait eu sa place dans n’importe quelle équipe de la NBA (selon Hush), vint s’asseoir à côté de lui.
    - Un problème sergent ?
    - Mis à part que je ne trouve pas notre position actuelle, tout va bien Kendar !
Son subordonné prit la carte en main et l’examina à son tour. Zemke l’observa un moment, avant de reporter son attention sur le reste des mercenaires.
Lerner, l’artificier du groupe 16 Bravo, qui ne se séparait jamais de son lance mines était appuyé contre le mur en face de lui. Lui qui d’habitude était d’un naturel jovial et enjoué, semblait perdu dans ses pensées. Crawford faisait les cents pas devant l’une des fenêtres de la chambre, en pointant nerveusement le canon de son M4A1, sur les zombies qui avançaient nonchalamment dans la rue en contrebas. Certains d’entre eux s’acharnaient sur la barricade que les mercenaires avaient érigée sur la porte d’entrée et les fenêtres du rez-de-chaussée. Crawford les injuriaient copieusement en les menaçant avec son fusil d’assaut :
    - Vous avez de la chance que je doive économiser mes munitions, putain, j’aurais fait un de ces cartons avec vous les gars !
Enfin Hush, le plus jeune d’entre eux était allongé sur le lit. Il vérifiait le bandage qu’il lui enserrait la tête. Un peu plutôt dans la journée, l’éclat d’une grenade lancée par Crawford lui avait ouvert l’arcade sourcilière gauche, et sa blessure saignait encore un peu.
    - Ferme-la deux minutes Crawford, il y en a qui voudraient se reposer !
L’intéressé ne lui prêta pas attention et continua à débiter son incessant monologue. Il s’adressait cette fois, à une zombie femelle qui s’agitait en dessous de son perchoir :
    - Alors ma poule, on fait une virée hors de sa tombe ? Je ne sais pas si tu es au courant, mais tu n’as plus l’air de première fraîcheur, c’est souvent ce qui arrive quand ton corps se décompose…
Hush leva les yeux au ciel, Crawford avait beau être un excellent combattant, il fallait toujours qu’il se donne en spectacle.
    - Bingo !
Kendar avait réussi à repérer l’hôtel. Les rescapés savaient enfin avec précision dans quel coin de la ville ils se trouvaient. Le sergent examina les alentours et fit une effroyable constatation :
    - On est beaucoup trop loin du Beffroi, on ne pourra jamais l’atteindre ! Fait chier !
    - Il y a sûrement un autre moyen de se tirer d’ici !
    - Ne t’inquiètes pas Kendar, je vais le trouver, il me faut juste un peu de temps…
Zemke observa à nouveau Lerner. Ce dernier paraissait vraiment très éprouvé par les événements.
    - Je m’occupe de notre repli, va voir si Lerner va bien.
Le Sud-africain se mit debout et se dirigea vers l’artificier.

Aussi loin qu’il se souvienne, Oz Lerner n’avait jamais eu peur. Il lui était arrivé de se faire quelques petites frayeurs comme tout le monde, mais jamais il n’avait la frousse comme cela. Les scènes effroyables de ces dernières heures lui restaient gravées en mémoire, il ne voulait pas mourir. Pas ici, pas comme cela.
Une chanson lui revint à l’esprit.
Au revoir et adieux, jolies filles madrilènes,
Au revoir et adieux, jolies filles d’Espagne,
Je viens de recevoir l’ordre de repartir à Boston,
Et plus jamais ne reviendrais-je en Espagne…

Il en était certain, il ne rentrerait jamais chez lui.
    - Et Lerner, tu tiens le coup ?
Le mercenaire tourna la tête vers son camarade qui lui secouait le bras : Kendar. Il le dévisagea sans toutefois lui répondre.
    - Et Oz, ça va ?
Cette seconde intervention le replongea dans l’affreuse réalité. Cette fois il trouva la force de répondre :
    - Ouais, je suis en pleine forme !
Son interlocuteur se rendit bien compte qu’il mentait, mais ne voulut pas l’embarrasser davantage.
    - On a tous la pétoche, mec, mais il faut se contrôler si on veut s'en sortir, d'accord ?
Crawford qui avait surpris la conversation entre deux injures lancées aux zombies, crut bon de se joindre au débat :
    - T’es qu’un trouillard Lerner, ça se voit que tu chies dans ton froc mec !
    - Va te faire foutre Crawford !
    - Tu crois que j’ai peur d’une chiffe molle comme toi ?
    - Ça suffit, cria Kendar, bon sang, vous n’êtes plus des gosses !
Un grand bruit se fit entendre au rez-de-chaussée, coupant cours à la dispute. Hush se précipita à la fenêtre que Crawford avait abandonné un instant, pour constater les dégâts. Les morts vivants étaient de plus en plus nombreux à s'acharner contre la barricade, poussés par l’odeur de la chair fraîche se trouvant à l’étage.
    - Ils viennent d’ouvrir une brèche dans la barricade, rien de grave, mais cela aurait pu être pire !
Les zombies gagnaient peu à peu du terrain, et tous les survivants étaient conscients qu'à un moment ou à un autre, la barricade céderait complètement.
    - Les salauds, continua Crawford, tout va bientôt lâcher !
    - Il faut que l’on s’arrache d’ici Sergent !
Zemke n’avait porté que peu d’attention à tout ce qui venait de se produire, il releva la tête de la carte dans laquelle il était toujours plongé pour lancer triomphant à ses hommes :
    - J’ai notre bon de sortie les gars !
Au même instant, un cri effroyable, un cri de femme mêlée de peur et d’angoisse, se fit entendre dans la rue. Les mercenaires se pressèrent autour de Hush, toujours posté à la fenêtre. Une femme et une adolescente venaient de déboucher dans la rue avoisinante, et elles se trouvaient maintenant complètement cernées par des morts vivants. Ceux qui s’acharnaient sur la barricade, sentant des proies plus faciles à atteindre, abandonnèrent leurs « poste », pour grossir les rangs des assaillants. Les deux rescapées se réfugièrent à l’intérieur d’une voiture, pour se mettre à l’abri. La femme essaya de la mettre en route alors que les zombies se rapprochaient dangereusement. Mais le moteur s’obstinait à ne pas vouloir démarrer…
Le sergent triompha :
    - Cette diversion va nous permettre de mettre les voiles, la chance est avec nous !
    - Mais qu’est ce qu’on fait des civils, risqua Hush.
    - Elles sont foutues, il n’y a plus rien à faire mec !
    - Mais il y a peut-être un moyen de les tirer de là…poursuivit le jeune mercenaire.
Personne ne lui répondit, les autres étaient occupés à rassembler leurs affaires, et à se préparer à tenter une sortie. Hush jeta un coup d’oeil dans la rue, quelques zombies s’acharnaient sur les vitres de la voiture des survivantes. Mais le gros de la troupe, (ceux qui avaient quitté la barricade), était encore loin de leurs cibles. Le sang du jeune homme ne fit qu’un tour :
    - Sergent, vous n’allez tout de même pas les laisser se faire bouffer par ces putains de monstres !
Zemke l’ignora, et ordonna à Lerner d’ouvrir la route. Le groupe descendit au rez-de-chaussée redevenu calme, Après un dernier coup d’œil par la fenêtre, Hush les suivit.
Arrivé en bas, il empoigna le sergent par l’épaule, et lui fit face :
    - On pourrait facilement les tirer de là, pourquoi vous ne voulez pas les aider ? C’était pourtant bien le but de la mission de secourir des civils ?
    - Écoute petit gars, on est des mercenaires, pas des putains de conscrits, quand il s'agit de sauver sa peau c’est chacun pour soi ! Ou tu t’en fais une règle d’or ou tu crèves en tentant de sauver ces civils !
La décision de Hush fut vite prise, il déverrouilla le cran de sûreté de son M4A1, puis il se fraya un passage parmi les meubles qui lui bloquaient la sortie. Une fois dehors, il se mit à courir vers les deux prisonnières de la voiture en criant :
    - Allez tous vous faire foutre, bande de lâches !
Kendar aller s’élancer à sa poursuite pour le remettre au pas, mais Zemke l’en empêcha :
    - Laisse tomber Kendar, il est déjà mort !
Puis à l’attention des autres :
    - Allez les gars en route, on se tire vers l’usine de produits chimiques !
Zemke et le reste de ses hommes sortirent à leur tour de l’hôtel, et disparurent dans l’obscurité froide de la nuit. Hush ne les revit plus jamais…

Hush n’en revenait pas, jamais dans toute sa vie il n’avait eu autant de chance. Il venait en effet de slalomer entre les zombies qui le séparaient des survivantes, et malgré leur nombre impressionnant, il s’en était sorti sans une égratignure, et assez facilement ; trop peut-être…
Mais l’heure n’était pas à la réflexion. Hush venait d’atteindre la voiture.
Quatre morts vivants essayaient d’y pénétrer, l’un d’eux était même arrivé à briser l’une des vitres arrières. Les passagères apeurées hurlaient de terreur. Sans réfléchir, et comme on lui avait appris à l’entraînement, le jeune mercenaire épaula son fusil d’assaut, et pointa l’arme sur le zombie le plus proche. Il pressa la détente sans le moindre remord. La balle de 5.56mm traversa de part en part le cerveau de l’immonde créature, qui s’affala sur le sol dans une gerbe de sang.
La joie de Hush fut de courte durée, les trois autres zombies délaissèrent la voiture pour s’en prendre à lui. Le jeune homme ne se laissa pas déstabiliser pour autant, et vida le reste de son chargeur sur eux. Une balle perdue atteignit la tête d’un de ses agresseurs, qui s’écroula à son tour. Mais les deux autres, bien qu’ils aient le corps truffé de plomb (l’un d’entre eux avait même perdu un bras sous l’impact du tir nourri) avançaient toujours. Il était tout près maintenant. Hush retira le chargeur vide de son M4A1, puis il en enclencha un autre. Les monstres étaient si près maintenant qu’il pouvait presque sentir leur haleine putride.
Les survivantes sortirent rapidement du véhicule, profitant de la confusion générale pour s’enfuir à toute jambe dans une rue adjacente.
Hush tira une rafale à bout portant. Les deux derniers zombies rejoignirent enfin le repos éternel, dans une mare de sang qui trempa ses rangers. Le jeune homme n’y fit pas attention, car deux choses lui tiraillaient l’esprit. Premièrement, l’attitude des deux survivantes à son égard l’avait choqué, et deuxièmement, une armée de cadavres ressuscités se ruait sur lui.
Par chance (décidément il en avait aujourd’hui) il avait vu où elles s’étaient enfuies. Hush retira une grenade de son harnais à munitions et la lança sur la première rangée de zombies pour couvrir sa retraite. Il se lança ensuite à la poursuite des deux inconnues.
    - Ehh ! Revenez, je suis un gentil moi !
Ses paroles furent en partie couvertes par le bruit de l’explosion. « Elles ne m’ont pas entendue, pensa t-il, sinon elles se seraient arrêtées. »
Hush courait à perdre haleine à travers les décombres en tout genre jonchant la rue, il espérait ne pas perdre de vue les deux civiles. En chemin, un autochtone zombifié tenta de lui agripper le bras. Mais un coup de crosse bien placé de l’arme du mercenaire lui fit changer d’avis tout en l’expédiant à terre.
Cet incident lui fit perdre du terrain. Il déboucha finalement en plein milieu d’un carrefour pour constater qu’il n’y avait plus personne à l’horizon : la poursuite était finie.
    - Merde !
Hush reprenait son souffle, tout en observant les alentours. Trois rues toutes aussi dévastées que désertes s’offraient à lui. L’une d’elles avait dû être empruntée par les fugitives ; mais laquelle ? Dans son dos il pouvait entendre les grognements et les plaintes sinistres du reste de l’armée maudite qui se traînait vers lui. Dans quelques instants il serait rejoint, il n’y avait pas de temps à perdre, il fallait qu’il se décide.
Le choix s’averrait difficile, une seule voie était la bonne. Le jeune mercenaire n’aimait pas la fâcheuse tournure que prenaient les événements. Son cerveau était en ébullition. « Je n’aurais jamais dû partir au secours de ses rescapées tout seul, pour ce que j’en ai eu comme remerciements… Cela m’apprendra à jouer les chevaliers servants ! La prochaine fois, j’écouterais le sergent… Enfin si je le revois un jour… » En y réfléchissant davantage, Hush pensait qu’il avait eu raison d’agir de la sorte. Au moins, sa mort ne serait pas veine puisqu’elle avait permis aux deux inconnues de s’en sortir, alors que les autres ne pensaient qu’à sauver leurs peaux, et à rien d’autre.
Un instant, il avait pensé s’asseoir sur le sol et attendre la mort dignement. Mais l’idée de mourir déchiqueté par les morts vivants lui fit froid dans le dos et lui permit de reprendre ses esprits. Il s’élança dans la rue de gauche.

Le sergent Zemke courait à perdre haleine à travers le dédale de couloirs sombres qui s’étendaient à l’intérieur de l’usine de produits chimiques. Crawford était juste derrière lui.
Les deux hommes étaient poursuivis par une demi-douzaine de Hunters. Ces créatures mutantes qui venaient juste de mettre en pièces Kendar et Lerner, et qui étaient maintenant à leurs poursuites…
    - Putain de merde ils se rapprochent, s’écria Crawford, on ne les sèmera jamais mec!
Son supérieur se tourna vers lui pour se rendre compte que leurs poursuivants gagnaient du terrain. Si les monstres continuaient à courir à cette vitesse, ils seraient rapidement rejoints. Zemke ne voulait pas mourir. Il devait à tout prix trouver un moyen de les ralentir. Crawford tira une rafale d’arme automatique sur la meute derrière lui. Mais son tir imprécis ne fut pas très efficace.
    - Fait chier, continua Crawford en rechargeant son M4A1, qu’est ce qu’on fait sergent ?
Une étrange lueur traversa le regard de Zemke. Il avait une idée. Elle n’était pas chevaleresque, mais elle lui permettrait peut-être de sauver sa peau. Sans réfléchir plus longtemps, il pointa le Sigpro qu’il avait entre les mains sur la jambe de son compagnon, et pressa la détente.
La balle atteignit le genou de Crawford qui chuta brutalement sur le sol en criant de rage :
    - Enfoiré, tu n’es qu’un sale lâche Zemke !
Mais le sergent était déjà bien loin. Le mercenaire tenta de se relever mais cela ne lui servit à rien. En quelques secondes les deux premiers Hunters furent sur lui et ils passèrent à l’attaque. L’un d’eux lui sectionna le bras droit avec les griffes tranchantes qui ornaient ses membres supérieurs. Crawford hurla de douleur, son cri fut bref, car l’autre créature lui enfonça ses griffes puissantes dans la gorge presque instantanément…

Hush errait dans les rues malfamées de Raccoon City depuis une bonne demi-heure et il n’avait toujours pas retrouvé la trace des survivantes. Elles avaient dû prendre une autre direction au carrefour précédent. Mais le jeune mercenaire ne pouvait plus faire demi-tour, car les rescapées devaient être déjà bien loin à présent…
    - Et maintenant, qu’est-ce que tu comptes faire Dwayne ? Ce que tu peux être stupide par moment !
Hush fut surpris par sa réaction, voilà qu’il se parlait à lui-même à présent ! Cette ville avait le chic pour faire perdre la raison ou peut-être que cela était dû aux massacres auxquels il avait assisté ?
Dwayne ne put s’interroger davantage car des coups de feux résonnèrent devant lui. Ils provenaient d’une boutique sur sa droite. Une fois de plus il démarra au quart de tour et se précipita vers le bâtiment. Il s’arrêta devant une pharmacie où il entendit deux autres détonations. La vitrine du magasin était barricadée et il ne pouvait pas voir grand chose de ce qui se passait à l’intérieur. Le jeune mercenaire tenta d’ouvrir la porte, mais comme il s’y attendait, elle était verrouillée de l’intérieur. Un coup de pied bien placé la fit valser sur ses gongs.
La pièce principale était plongée dans une obscurité totale, et il n’y voyait rien du tout. Hush resta à l’écoute des ténèbres tout en prenant garde à ne pas franchir le seuil de la boutique qu’un réverbère de la rue éclairait sommairement. Le seul son qu’il pouvait entendre était le ronronnement incessant d’un réfrigérateur médical. Après quelques secondes d’hésitation, il entra à l’intérieur tout en cherchant à tâtons un interrupteur. Il n’eut pas de mal à en trouver un, sur lequel il appuya avec un soupir de soulagement. Une vive lumière l’aveugla pendant un instant, et lorsque ses yeux y furent accoutumés, il lâcha un hoquet de surprise : trois cadavres atrocement mutilés gisaient à ses pieds.
    - Désolé d’être arrivé en retard… s’excusa le mercenaire.
Les deux premiers défunts portaient des uniformes de policier, et le troisième –une femme- une blouse blanche. Il s’agissait sans doute de la propriétaire de la pharmacie. Hush remarqua que les armes des flics étaient encore fumantes, ce qui les avait taillés en pièce était peut-être encore dans le coin. Cette pensée lui fit froid dans le dos et il fit rapidement le tour de la salle pour se rassurer. Mais il ne trouva personne. Les WC et l’arrière boutique étaient déserts, le mystère restait entier…
Pour se clamer les nerfs et réfléchir, Dwayne se laissa choir sur un fauteuil derrière le comptoir. Ses yeux étaient rivés sur les cadavres, « Bon sang, pensa-t-il, où peut bien se cacher la saloperie qui leur a fait ça ? »
Son regard fut alors attiré par une petite auréole de liquide douteux qui se formait sur le clavier de l’ordinateur installé sur le plan de travail. Cela ressemblait vaguement à de la salive et aussi étrange que cela puisse paraître, Hush était certain d’avoir déjà vu cette matière quelque part, mais où ? Un flash lui parcourut l’esprit : oui il avait déjà vu cela ! Pendant l’attaque des lickers, cette bave sortait de leurs gueules béantes !
Dwayne avait découvert l’auteur de ce triple meurtre un poil trop tard, et lorsqu’il leva les yeux vers le plafond, il vit la créature fondre sur lui. Ce fit la dernière chose que son cerveau enregistra avant qu’il ne soit décapité par la créature.

Le sergent Zemke reprenait son souffle. Il avait quitté en courant l’usine de produits chimiques pour se rendre dans un endroit plus sûr. Une fois dehors, il s’était dirigé vers une boutique de vêtements, dans laquelle il s’était enfermé.
Le mercenaire souriait bêtement, il n’en revenait pas d’être toujours en vie. Les Hunters étaient d’incroyables prédateurs, et pourtant, Zemke s’en était sorti. Bien sûr, il avait réussi cet exploit en usant de lâcheté et en sacrifiant ses compagnons, mais cela ne semblait pas avoir brisé son euphorie.
    - T’es le meilleur Jens, tu les as bien eu ces saloperies de Hunters, tu es le roi mec !
Il se figea tout à coup quand une voix résonna dans son dos :
    - Ainsi, vous avez combattu des Hunters ?
Le sergent fit volte-face pour découvrir qu’une imposante silhouette était à moitié dissimulée dans l’ombre. Zemke ne pouvait voir le visage de l’homme qui se tenait devant lui. Ce dernier parlait avec un fort accent russe, et il émanait de lui un impressionnant charisme.
    - Vous n’avez pourtant pas l’air d’un surhomme, vous avez fui n’est-ce pas ?
    - Montre-toi mec !
L’inconnu obtempéra puis il s’avança vers Jens. Il passa sous la lumière d’un tube néon, et le sergent se rendit compte qu’il avait affaire à un autre mercenaire de l’UBCS. Celui-ci était très grand (au moins autant que l’était Kendar), et avait les cheveux teints en blanc. Un curieux sourire se lisait sur son visage. Zemke abaissa son arme, et tendit sa main vers le nouveau venu :
    - Je suis le sergent-chef Jens Zemke, de l’unité 16 Bravo, et toi mon frère ?
L’autre type s’arrêta près de lui, il sortit rapidement un couteau de survie de son harnais à munitions, puis il le planta avec force dans l’abdomen de Zemke. Ce dernier lâcha son arme sous l’effet de la surprise. Le couteau était enfoncé jusqu’à la garde dans son ventre et lui coupait la respiration. Du sang coulait de la bouche du sergent qui tentait de se débattre, mais son adversaire était beaucoup trop fort.
Zemke fut pris de spasmes, il avait de plus en plus de mal à respirer. Ses yeux se fermèrent lentement alors qu’il tombait au sol. La dernière chose qu’il vit avant de mourir, fut le visage inexpressif de son assassin se pencher sur lui.
L’inconnu essuya son couteau sur la veste de sa victime, puis il le rengaina. Il se leva et se dirigea vers la porte de la boutique, qu’il déverrouilla. Avant de sortir dans la rue il lança au cadavre :
    - On m’appelle Nicholaï…

FIN