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Resident Evil -
Damn Town - Chapitres 4 à 7
Auteur :
Golden Selphie
7 chapitres - Non finie
Date de parution : 2004
Chapitre 4
- 27 septembre.
Nuit -
- Commissariat -
Chris se leva du canapé de
la salle d'attente, fixa la porte à double battant. Il fut tenté un instant de
la barricader, mais n'ayant ni le matériel ni l'envie, il préféra la laisser en
l'état.
Il marcha lentement vers le fond de la pièce, passa la porte, se dirigeant
vers le bureau des STARS. Sur le chemin, il croisa de nombreux policiers
lourdement armés, l'air paniqué. Ils hurlaient sans doute, mais il ne les
écoutait pas, ne les entendait pas. A présent, il était dans un autre monde.
Comme il s'y attendait, le
bureau des STARS était désert. Il marcha jusqu'au dispositif de communication et
ouvrit le placard qui se trouvait à côté, s'empara du Magnum que Barry y avait
laissé.
Barry... Jill et lui étaient loin de ce cauchemar, à présent...
Ensuite, il prit le spray désinfectant de la trousse accrochée au mur de
Rebecca avant de s'asseoir finalement devant le fouillis qui encombrait son
bureau.
Chris désinfecta soigneusement sa blessure à l'épaule. Il savait
pertinemment que cela n'allait pas suffire à détruire le virus, mais au moins,
il arrêterait de saigner.
Son regard tomba par
hasard sur son journal, jeté au milieu de son bureau. Il l'ouvrit et, saisissant
un stylo rouge qui traînait, traça d'une écriture difficile à déchiffrer les
quelques mots qui lui virent à l'esprit.
'Le temps d'incubation du virus dépend de chaque personne. Ça peut varier de
deux heures à plusieurs jours. Je crois que je vais battre un record. Ça fait à
peine cinq minutes que le zombie m'a mordu et j'ai déjà la fièvre. Je ne savais
pas que le virus-T donnait la fièvre. On apprend des choses tous les jours... Je
me tuerai le moment venu. Je veux pas me transformer en l'un de ces trucs.'
Chris laissa la pointe glisser le long de la page, traçant une ligne droite
qui s'arrêta en même temps que la feuille. Il referma le journal et le poussa
loin de lui, comme pour se prémunir des idées noires qui le tourmentaient.
Des coups de feu et des
cris provenant du rez-de-chaussée s'élevèrent tout à coup. Les zombies avaient
dû réussir à s'introduire dans le commissariat et les flics n'avaient d'autre
choix que de se battre pour survivre.
Chris soupesa le Magnum qu'il avait récupéré, en vérifia le barillet. Six
balles. De quoi tuer cinq zombies, voire dix avec beaucoup de chance, et en
laisser une pour lui.
Chris se leva lentement,
empoignant fermement son Magnum. Il marcha d'un pas décidé vers la porte
entrouverte, comptant presque ses pas.
Il s'immobilisa subitement. Sa vue se troubla pour ne laisser qu'un noir
indéfinissable, ses yeux se fermèrent, ses muscles se détendirent et il
s'écroula sur le sol, inconscient.
Brad Vickers courait aussi
vite que le permettaient ses jambes frêles. Il était désarmé, avait gaspillé
toutes ses munitions en vain et n'avait plus qu'un seul espoir : le
commissariat. Il entendait d'ailleurs distinctement des coups de feu provenant
de l'imposante bâtisse.
Brad fut aspergé d'eau en passant devant une bouche à incendie cassée et
faillit glisser sur le macadam humide. Il parvint toutefois aux grilles du
commissariat qu'il ouvrit péniblement.
"STARS."
Brad ne se retourna pas, courut tête baissée vers la double porte d'entrée.
Mais Nemesis se dressa subitement en travers de son chemin.
Brad hurla en faisant un brusque demi-tour, manqua de tomber par terre alors
que le colosse le poursuivait.
"AU SECOURS !!!"
Brad parvint à refermer les grilles avant que Nemesis ne les atteignît. Sans
attendre que le monstre ne se décide à les défoncer de ses poings meurtriers, le
pilote passa par dessus le capot des voitures de police qui bloquaient la route
sur sa gauche et courut à en perdre haleine.
Il entendit la
grille céder et le hurlement furieux du monstre.
"A L'AIDE !!! QUELQU'UN ! AIDEZ-MOI !!!...
- STAAARS !!"
Le coeur de Brad ne fit qu'un bond. Deux hommes armés étaient là, à une
vingtaine de mètres de lui. Ses sauveurs.
"AU SECOURS !! AIDEZ-MOI !!!"
Brad essaya d'accélérer sans se rendre compte qu'il était déjà au maximum de
ses capacités. Il arriva bientôt en face des deux hommes.
Il ouvrit la bouche pour parler mais resta figé, perclus à la fois d'horreur
et d'étonnement. Brusquement, il lâcha un cri déchirant avant de s'enfuir plus
vite encore.
Le latino le regarda détaler d'un air sidéré.
"Il est complètement cinglé ce type.
- Faut croire," répondit Wesker avec un sourire cynique. Le pauvre Brad
avait dû avoir un choc en le reconnaissant.
"STARS."
Carlos leva immédiatement son M4 en entendant ce grognement désormais
familier.
"Encore ce salaud !"
Wesker fronça les sourcils et haussa les épaules. Umbrella avait envoyé
Nemesis à Raccoon City afin d'éliminer les STARS. Il ne devait donc pas
représenter de réel danger pour les autres humains tant qu'il était à la
poursuite de Brad.
La créature
apparut au coin de la rue, marchant d'un pas pesant. Elle s'arrêta en remarquant
les hommes de l'autre côté de la rue.
"Wesker, vaudrait mieux se casser avant qu'il ne s'énerve...
- Il poursuit le type qui vient de passer, y a pas de raison pour qu'il nous
attaque."
Carlos jeta un coup d'oeil peu rassuré à Wesker avant de réajuster son
viseur.
Le monstre
observa les deux hommes un instant de son oeil unique avant de lâcher un long
hurlement, prélude à une attaque imminente.
"Wesker, j'crois qu..."
Nemesis se mit soudain à courir à grandes enjambées, chacun de ses pas
faisant littéralement trembler le sol. Immense, Nemesis n'en était pas moins
terriblement rapide et fut en une seconde à trois mètres de sa cible.
Carlos appuya
sur la détente de son fusil. Les balles se logèrent dans le corps de Nemesis en
faisant gicler son sang violet, mais cela ne l'empêcha pas de saisir Wesker par
la gorge et de le projeter violemment contre le mur de l'immeuble le plus
proche.
Le mur s'écroula instantanément. Nemesis marcha d'un pas menaçant vers
Wesker qui se relevait avec peine et le rabattit au sol d'un coup de poing aussi
brutal que fulgurant.
"STARS !!"
Nemesis leva son pied pour écraser Wesker mais celui-ci l'évita avant de se
relever et de parer un nouveau coup de poing.
"Hé, salopard ! Viens voir par ici !"
Carlos ouvrit le feu. Il lui fallut vider tout un chargeur sur la créature
avant que celle-ci ne daignât lui faire face.
Le latino n'eut même le temps de recharger. Nemesis fonça vers lui à une
vitesse surhumaine, son poing prêt à saisir sa tête au vol.
Carlos eut le réflexe salvateur de se baisser au moment fatidique mais
commit l'erreur de tourner le dos à la créature en essayant de mettre de la
distance entre elle et lui. Nemesis en profita pour l'envoyer au sol d'un coup
au dos. La tête du latino percuta le plancher et il perdit connaissance.
Quelques gouttes
vermeilles parsemaient le sol autour du visage de Carlos. Il était soit
inconscient, soit mort. Wesker espérait toutefois avec une certaine légèreté
qu'il fût toujours en vie puisqu'il avait risqué sa vie afin de sauver la
sienne.
Nemesis s'approcha de l'ex-Capitaine du STARS, décidé à accomplir sa
mission.
Magnifique, ce truc. S'il se trouvait en face du cadavre de Marini, il
essayerait de l'attaquer...
"STARS.
- Oui, c'est ça, tu l'as déjà dit."
Le monstre sembla exaspéré par les propos moqueurs de Wesker et se précipita
vers lui, décidé à en finir. Le blond l'évita sans problème pendant une dizaine
de secondes, échappant aux assauts répétés de Nemesis. Excédé, celui-ci tenta de
le neutraliser à l'aide de sa tentacule mais Wesker sauta simplement et l'éjecta
contre le mur d'un seul coup de pied à son visage défiguré.
Nemesis gisait par terre, hors d'état de nuire, pour le moment. Il allait se
relever tôt ou tard mais Wesker n'avait vraiment plus de temps à perdre. Aussi
quitta-t-il les lieux en direction du commissariat.
Chapitre 5
Melissa en avait
marre. Marre d'être là, marre d'entendre des coups de feu, marre de compter les
minutes qui passaient. Les flics étaient en train de repousser une vague d'une
cinquantaine de zombies qui avaient l'air déterminés à investir le commissariat.
Au fond, elle s'en foutait pas mal, les zombies ne semblaient pas si menaçants,
ils ne faisaient que vous bouffer.
La jeune femme entreprit de monter l'escalier qui se trouvait dans la salle
à côté. En haut, deux bustes de déesses entourait une statue dont la main tendue
serrait un rubis.
"Oh... Joli."
Melissa se hissa sur le socle et s'empara du rubis qu'elle glissa dans la
poche de son jean, puis reprit sa route. Dans le couloir suivant, une porte
menait au bureau des STARS d'après l'indication de la pancarte accrochée au mur.
Elle tendit la main vers la poignée mais réalisa que la porte était ouverte.
Elle la poussa donc silencieusement et jeta un coup d'oeil discret dans la
pièce.
Un homme était allongé par terre, apparemment inconscient. C'était le type
qui s'était fait attaquer une ou deux heures plus tôt, Chris ou un truc du
genre.
Melissa l'observa quelques secondes. Une idée lui traversa l'esprit, la
faisant sourire d'un air quelque peu pervers. Elle referma doucement la porte,
s'approcha de lui, s'agenouilla à son niveau et fouilla dans le sac qu'elle
portait à la recherche de son couteau qu'elle sortit délicatement de son
fourreau.
En panne d'inspiration, Melissa prit le temps de réfléchir à ce qu'elle
pourrait faire subir à Chris.
"Ah, faut d'abord que je trouve de quoi l'attacher !" s'exclama-t-elle avant
de se relever et de faire volte-face.
Melissa poussa un cri perçant en réalisant que quelqu'un était devant elle.
Elle écarquilla les yeux, tenta de cacher son couteau derrière son dos.
"...Euh... Bonjour...
- Bonsoir.
- Haha... Hmm, oui, c'est vrai..."
Melissa sentit que la présence de cet homme habillé de noir était plus
qu'hostile. Aussi jugea-t-elle que pour le moment, ficher le camp sans demander
son reste serait la plus intelligente des choses à faire.
"Eh bien, je vous laisse... Ravie d'avoir fait votre connaissance..."
Le blond la dévisagea un instant avec dédain, mais ça, elle ne pouvait de
toute façon pas le voir à cause de ses lunettes aux verres fumés. Il choisit
finalement de l'ignorer et reporta son regard sur l'homme gisant par terre.
Melissa coinça quelques mèches de ses longs cheveux noirs derrière son
oreille avant de rouvrir la porte. Mais elle hésitait.
'Ce mec doit être un inspecteur, un militaire ou je ne sais quelle connerie.
Il va me dénoncer aux flics..."
La jeune femme se vit dans un flash sur une chaise électrique, à la merci de
ses bourreaux et des nombreuses personnes venues assister à son exécution.
Elle avait à présent un air sombre, de tueur psychopathe assassinant par
nécessité paranoïaque et non plus par plaisir. Elle fit pivoter la lame dans sa
main droite, se préparant à asséner un coup de poignard meurtrier au grand
blond.
Celui-ci ne bougeait toujours pas, l'air penseur, debout à deux mètres de
Chris. Tournant le dos à Melissa, il ne pouvait rien voir de ses faits et
gestes.
Elle s'avança doucement, sa frange brouillant sa vue, sa main serrant le
manche de son fidèle couteau encore taché de sang.
Lorsqu'elle arriva juste derrière lui, elle bloqua sa respiration et leva
lentement sa main armée au dessus de sa future victime, visant son coeur à
travers son dos.
Elle le poignarda. Ou du moins, elle le crut jusqu'au moment où elle
ressentit une vive douleur au poignet.
Elle écarquilla les yeux, les cligna une dizaine de fois, voulut crier mais
Wesker lui arracha le couteau et le planta au milieu de sa poitrine. Il aurait
tout aussi bien pu lui trancher la gorge mais il n'avait pas envie d'inonder la
pièce de sang.
"Aaaah...!" Melissa fixa la tache rouge vif qui s'étalait sur son débardeur
rose. Des larmes coulèrent le long de ses joues. "...Non..."
Elle éclata en sanglots. Wesker l'observa distraitement, réalisant qu'il
n'avait en fait rien touché de vital puisqu'elle avait même la force de hurler
comme une folle.
Excédé, il menaça :
"Sors d'ici avant que je ne t'achève."
Melissa leva la tête, serra les dents puis arracha le couteau de sa
poitrine.
"Salaud, je t'ai poignardé, tu vas crever.
- J'ai dit dehors."
Elle n'écoutait pas. Elle lança le couteau de toutes ses forces, espérant
l'atteindre en plein milieu du front. Le blond l'évita facilement et la lame
alla se planter dans le mur.
Perdant la tête, elle chercha autour d'elle quelque chose qui pourrait lui
permettre de blesser l'homme. Ne trouvant rien, elle se jeta carrément sur lui :
"Je vais te tuer !"
Wesker l'évita à nouveau mais cette fois, il la saisit par le cou et la
souleva au-dessus du sol. Sans mot dire, il sortit du bureau, s'approcha d'une
des fenêtres du couloir et lança énergiquement la jeune femme au travers de la
vitre.
Le fracas du verre éclatant en mille morceaux fut accompagné par un long cri
strident, qui s'interrompit brutalement avec un bruit étouffé. Melissa avait
atterri dans le jardin du commissariat. Elle allait peut-être s'en sortir avec
une jambe cassée.
Wesker jeta un bref coup d'oeil par la fenêtre cassée. Il put apercevoir
malgré l'obscurité un ou deux zombies qui approchaient de l'endroit où avait dû
atterrir la fille.
Aucun intérêt...
Wesker rentra dans le
bureau et fronça les sourcils.
Chris n'était plus là.
Wesker fouilla la pièce des yeux mais visiblement, Chris avait profité du
bref interlude causé par Melissa pour s'enfuir.
"Il n'a pas pu aller bien loin."
Un bip sonore coupa le court de ses pensées. Il appuya sur un des boutons de
sa radio.
"Wesker... Une fille ?... Elle cherchait Chris Redfield... Ah, sa soeur...
L'entrepôt au sud, bien sûr. J'arrive tout de suite. Terminé."
La porte du bureau du
STARS se referma avec un bruit sec. Chris surgit instantanément de sa cachette,
en fait le bureau en pagaille de l'ex-capitaine du STARS.
"Claire... Mais qu'est-ce qu'elle est venue faire ici..."
Il n'était pas prudent de sortir pour le moment. Aussi préféra-t-il ramasser
son Magnum tombé par terre et s'approprier le couteau ensanglanté planté dans le
mur du fond. Il l'essuya vaguement sur son débardeur blanc avant d'escamoter la
lame dans le manche et de le ranger dans sa poche arrière.
Un cri suraigu déchira le
silence de mort du commissariat. Chris n'y prêta qu'une attention mitigée, son
esprit préoccupé par des questions sans réponse. Puis il réalisa que c'était une
voix de femme.
"Claire ?!"
Le jeune homme se précipita hors du bureau et se pencha par la fenêtre
cassée du couloir. En bas, dans le jardin, deux zombies étaient en train de
s'attaquer à une personne allongée par terre, apparemment incapable de bouger.
"Non ! Laissez-moi !..." criait-elle. "Je veux pas mourir...!"
'C'est pas la voix de Claire,' pensa Chris avec un soulagement quelque peu
coupable. Puis il réalisa que c'était la jeune femme que Wesker avait jeté par
la fenêtre. C'était un peu grâce à elle qu'il avait repris connaissance, grâce
au cri strident qu'elle avait poussé en tombant. Il songea un instant à aller
l'aider mais après réflexion, il se dit qu'il était déjà trop tard pour elle.
Il lui fallait à présent
quitter le commissariat en direction d'un entrepôt au sud. Le tout était d'y
arriver avant Wesker...
La porte à droite de Chris explosa sous l'impact d'une roquette. Des pas
pesants se répercutèrent sur les murs alors qu'une créature entrait dans le
couloir et s'arrêtait afin d'analyser sa future victime.
Chris s'était figé. Le monstre était énorme, son visage déformé était
parsemé de balafres immondes et des tentacules violettes terminaient son bras
gauche, tandis que sa main droite serrait un lance-roquette.
Un murmure monta aux lèvres de Chris :
"Putain d'Umbrella...
- STAAAARS."
Nemesis lâcha son lance-roquette qui tomba lourdement sur le sol. Puis il
fonça à toute allure vers le soldat, parcourant en un clin d'oeil les dix mètres
qui les séparaient.
Chris se jeta sur le côté
pour éviter un violent coup de poing et eut peine à esquiver les suivants. Il
sentait que le monstre, fort de sa puissance et de sa rapidité, finirait tôt ou
tard par l'avoir et que l'esquiver ne faisait que retarder l'échéance fatale.
La fille du jardin hurla à la mort. Sans doute les zombies étaient-ils en
train de l'achever.
Chris eut soudain une idée... Il n'eut pas l'occasion de trouver son projet
insensé ou risqué, seulement de le mettre à exécution : il se colla à l'une des
fenêtres, attendit que Nemesis ne l'attaque avant d'esquiver, laissant le poing
du colosse briser la vitre. Aussitôt, Chris plongea dans les ténèbres.
Un buisson amortit sa
chute. Il resta tapi dans le noir un instant, s'attendant à voir le monstre le
suivre à travers la fenêtre. Mais il n'en fit rien.
Après avoir jeté un bref coup d'oeil aux environs, Chris se releva et
s'élança vers la grille du commissariat. Mais deux zombies se redressèrent à son
approche, délaissant le cadavre d'une jeune femme. Ses cheveux noirs étaient
comme un oreiller douillet autour de son visage ravagé.
Chris ne prit pas le temps de s'arrêter, fonçant tête baissée sur les
zombies qu'il parvint miraculeusement à repousser. Après tout, il n'était plus à
une morsure près.
Merde. Comment de temps il
me reste ?
Chris s'adossa à
une voiture après avoir quitté le commissariat. Un peu plus de dix heures
s'étaient écoulées depuis que le zombie l'avait mordu. Il était sûr d'avoir
attrapé le virus puisque qu'il s'était évanoui sans raison et pourtant, sa peau
était tout à fait normale, aucune trace d'ampoules, de démangeaisons, rien. Rien
à part une fièvre qui commençait heureusement à s'estomper.
Chris finit par
juger que ce n'était ni le moment ni l'endroit de se poser des questions. Claire
était à Raccoon, et pire encore, entre les mains de Wesker.
"Un entrepôt au
sud..." Le seul entrepôt digne de ce nom appartenait à un magasinier, Dario
Rosso. Ce n'était pas très loin du commissariat mais avec seulement six balles
de Magnum et un couteau, s'y rendre n'allait pas être une mince affaire...
Chapitre 6
Curieusement,
Chris n'avait pas rencontré le moindre zombie ni la moindre autre créature
engendrée par le virus-T en chemin. Les hommes de Wesker avaient peut-être fait
le ménage...
Chris referma derrière lui la porte du couloir qui menait à l'entrée de
l'entrepôt. Une vague appréhension l'envahissant peu à peu, il dégaina son
Magnum tout en examinant les alentours. Un vélo cassé gisait contre un mur à
côté d'escaliers menant à la porte d'entrée de l'entrepôt.
Chris gravit les marches, les yeux rivés sur un graffiti déteint.
DAMN TOWN ! KILL'EM ALL !
Le soldat posa la main sur la poignée de la porte, la fit tourner, la
poussa. Mais elle était verrouillée. Sans se décourager, Chris visa la serrure
et tira.
Le verrou céda à la puissance de feu du Magnum. Chris ouvrit la porte d'un
coup de pied et entra prudemment dans l'entrepôt. Il devait y avoir une coupure
de courant car seules des lampes de secours bleutées éclairaient faiblement la
vaste salle.
"Claire ! Tu es là ?
- Chris !
- Claire ! Où es-tu ?
- Ici !... Dans un container !"
Chris courut vers le conteneur au fond de la salle, rangea son Magnum puis
essaya de soulever la planche qui en bloquait les portes. Excédé, il finit par
donner un coup de pied à la planche qui glissa sur le côté.
"Chris !...
- Attends une seconde !"
Chris poussa la planche puis tira sur la poignée, en vain.
"Chris, ça s'ouvre de l'intérieur ! Je vais essayer de crocheter la
serrure...
- Ok, vas-y."
Le jeune soldat s'adossa au mur le plus proche, écoutant le vague cliquetis
que faisait le crochet métallique de sa soeur.
"T'es pas blessée, au moins ?
- Non, ça va..."
"Chris. Je savais que tu
serais ici."
Il se retourna instantanément vers la voix, une voix qu'il aurait reconnue
entre mille même si elle était censée appartenir à un mort.
Wesker, appuyé à la rampe, souriait tranquillement tout en descendant
l'escalier. Chris dégaina son Magnum.
"Reste où tu es !"
Les portes du container s'ouvrirent. Claire sauta à terre et fixa Wesker
avec appréhension.
"Oh non...
- Reste derrière moi.
- Chris, j'ai déjà essayé, un flingue ne sert à rien.
- Quoi ?"
Un instant distrait, Chris ne remarqua pas que Wesker était déjà devant lui
et lui enfonçait son poing dans l'estomac.
"Argh !"
Chris eut à peine le temps de se redresser que Wesker l'envoya au sol d'un
coup de pied au menton. Claire voulut aller vers lui mais Wesker la rattrapa par
le bras et la rejeta vivement en arrière.
"Ne la touche pas !" Chris se jeta si brutalement sur Wesker que les deux
hommes tombèrent à terre. Son Magnum ayant disparu, Chris avait sorti son
couteau et essaya de le planter dans le coeur de son adversaire. Mais celui-ci
eut le réflexe de se protéger avec son bras.
La lame toute entière traversa son avant-bras, sa pointe dégouttant de sang
s'arrêtant juste en face de son visage. Chris tenta de la retirer afin d'asséner
à Wesker un coup meurtrier mais celui-ci, saisissant fermement sa main armée,
lui tordit violemment le bras et lui arracha son couteau avant de le repousser
d'un coup de pied. Chris retomba deux mètres plus loin.
"Chris !!" Claire hésitait ; Wesker était entre elle et son frère. Essayer
de se frayer un chemin reviendrait à s'approcher dangereusement de lui, et
maintenant que Wesker avait un couteau...
"Claire, casse-toi !" cria le jeune brun en se relevant.
"Et toi ?
- Va-t'en !
- Promets-moi que tu vas t'en sortir !
- Promis ! Maintenant cours !"
Claire gravit l'escalier et referma la porte à contrecoeur derrière elle.
Wesker n'essaya même pas de l'arrêter.
"Tu n'as pas honte de mentir à ta soeur ?"
Chris ne répondit pas. Il s'était remis debout avec difficulté. Une ligne
rouge vif glissait du coin de sa bouche jusqu'à son cou, tachant le col de son
débardeur blanc.
"Tu ne vas pas t'en sortir. Pas cette fois." Wesker avança lentement tout en
observant son avant-bras. Chris crut nager en plein délire : la blessure
cicatrisait à vue d'oeil.
"Surpris ?" Wesker sourit en voyant l'incompréhension la plus totale se
peindre sur le visage du jeune homme.
"Ça m'étonne pas... T'as bien réussi à survivre à l'attaque d'un Tyrant...
- Tu t'es bien débrouillé, aussi... Seulement, à cause de toi j'ai perdu pas
mal de données. Et puis, tu ne sers plus à rien."
Chris inspira profondément. Wesker fit un pas de plus, réduisant
dangereusement la courte distance qui les séparaient. Chris brandit brusquement
le Magnum qu'il avait récupéré, appuya sur la gâchette. Wesker le désarma avant
même que la balle n'eût quitté le canon de l'arme. Elle se logea dans un bidon
d'essence placé au premier étage.
L'explosion ne les affecta
pas vraiment. Le conteneur, visiblement très solide, leur servit en quelque
sorte de bouclier. Mais une partie du plafond s'effondra, ensevelissant la porte
d'entrée de l'entrepôt.
"Bravo, Chris. J'avais encore jamais vu quelqu'un d'aussi stupide."
Redfield se savait perdu. Wesker le maintenait plaqué au sol d'une main,
l'autre tenant le couteau qu'avait utilisé Chris pour le blesser. Mais celui-ci
n'allait pas se laisser tuer aussi facilement.
"Wesker... T'es qu'un psychopathe.
- T'es très mal placé pour me juger. Au fait, tu as contracté le virus-T,
non ?"
Chris se tut. Il avait repéré son Magnum à seulement deux mètres sur sa
gauche. Si seulement...
Wesker sourit d'un air moqueur.
"Ne t'inquiète pas. Je ne te laisserai pas te transformer en zombie..."
Le brun leva ses yeux bleus vers Wesker. Toujours le même sang froid, les
mêmes lunettes solaires... Seule la tenue avait changé.
"Tu bosses pour qui, maintenant ?
- Ça t'intéresse de le savoir alors que t'es sur le point de mourir ?"
Chris essaya de se débattre mais Wesker le calma d'un coup de poing. Un bip
sonore retentit.
"Tu as de la chance, décidément..."
Wesker lui asséna un coup de poing encore plus violent afin de l'assommer.
Chris ne put alors rien tenter lorsque Wesker le lâcha pour répondre :
"Quoi ?... Tu l'as récupéré ? Occupe-toi d'Annette, alors..."
Chris roula sur sa gauche, s'empara du Magnum et ne prit même pas le temps
de viser. Une détonation retentit, puis une autre, avant que Wesker, indemne,
n'arrache le revolver de ses mains et ne l'immobilise.
"Désolé Chris, mais j'ai assez perdu de temps avec toi."
Chris se figea. Il sentait quelque chose de froid et de tranchant au milieu
de sa poitrine. Puis une douleur innommable l'envahit tout entier.
Il hurla de toutes ses forces pendant que Wesker maintenait le couteau
enfoncé dans son coeur.
"Je... J'te... déteste...
- C'est réciproque."
Wesker se releva, fixa un instant Chris d'un air neutre puis disparut de son
champ de vision.
Chris sentit son sang inonder lentement ses poumons, son coeur cesser de
battre, transpercé par une longue lame encore tachée du sang de Wesker. Sa vue
se brouillait. Il ne sentit bientôt plus rien, pas même le goût métallique du
sang dans sa bouche, seulement un vague regret... Chris ferma les yeux, tenta de
former une dernière pensée cohérente.
Claire... Je suis
désolé...
Chris était mort. Wesker
détacha ses yeux de son corps inerte avant de reprendre sa radio.
"...Ne fais rien. J'arrive."
Chapitre 7
- 9 heures plus tard. 28
septembre. Aube -
- Sud de la ville -
La ville maudite sortait
enfin de ce qui semblait être une nuit sans fin. Des nuages roses reflétaient
une timide clarté sur la bourgade jadis réputée pour sa tranquillité, désormais
synonyme d'hécatombe à ciel ouvert. Seuls quelques morts vivants continuaient à
arpenter inlassablement les ruelles délabrées à la recherche de chair fraîche.
Nicholaï s'engagea dans
une nouvelle rue déserte, les sens en alerte. Il ne devait rester que quelques
mercenaires en vie, à l'heure qu'il était. Le russe avait pris soin de se
débarrasser de tous les individus, civils compris, qui avaient eu le malheur de
se trouver sur son chemin. Après les quartiers résidentiels de Raccoon, il
comptait se rendre au beffroi où les derniers soldats avaient certainement dû se
rassembler dans l'espoir d'appeler un hélicoptère à leur secours.
Nicholaï s'arrêta un
instant. Quatre routes s'offraient à lui, toutes étant des ruelles vides de
créature. Dans l'une d'elles, une poubelle avait été renversée, déversant sur le
sol son contenu pestilent. Derrière lui, le cadavre d'un jeune mercenaire
fraîchement tué par ses soins gisait au milieu d'une mare de sang qui n'en
finissait pas de s'étaler. Un essaim de mouches avides n'allait sûrement pas
tarder à l'entourer, à moins qu'il ne se relève à la recherche de chair fraîche.
Nicholaï se laissa aller à sourire puis s'apprêta à tourner au coin de la
rue à l'allure la moins sinistre. Des bruits de pas résonnèrent subitement au
milieu du silence de mort.
Le mercenaire dégaina
instinctivement son Sigpro et se plaqua au mur le plus proche. Le silence était
retombé comme une masse. Des pans d'affiche déchirée lui effleurèrent le visage
tandis qu'il se penchait en essayant de localiser de mémoire la source du bruit.
Il n'eut pas à fournir un grand effort. Une voix masculine s'éleva à
quelques mètres de lui.
"Et merde..."
Nicholaï s'approcha sans
bruit. Un autre mercenaire de l'UBCS était agenouillé à côté du cadavre, une
main dans les cheveux blonds et soyeux du mort, l'autre sur son coeur. Ses
rangers trempaient dans le liquide vermeil, ainsi que son pistolet qu'il avait
eu l'inconscience de poser.
Il releva
brusquement la tête, croisant le regard froid du russe.
"Qui es-tu ?"
Le mercenaire, un brun d'une trentaine d'années, dévisagea de ses yeux
pervenche l'homme qui se tenait en face de lui avant de se lever, en prenant
soin de récupérer son pistolet taché de sang.
"Ce gosse était sous mes ordres. On lui a tiré une balle dans le coeur il y
a une minute, et il se trouve que t'es le seul gars armé à un kilomètre à la
ronde."
Le russe fixa le
soldat d'un air perplexe. Il lui semblait l'avoir déjà aperçu, sûrement lors du
semblant de briefing qui avait précédé cette mission.
"Tu l'as tué... Je me trompe ?"
Sans daigner lui répondre, Nicholaï leva son bras armé et tira trois fois.
Les deux premières balles l'atteignirent à l'estomac et à l'abdomen. La
dernière se logea dans son coeur.
En voyant le
mercenaire s'écrouler, Nicholaï décida de poursuivre son chemin. Tournant le dos
au cadavre, il se remit calmement en route jusqu'au moment où une balle lui
siffla aux oreilles. Un second projectile de plomb ricocha immédiatement après
sur le mur en face de lui. La troisième fois serait la bonne.
Il se mit à
couvert juste à temps pour éviter la dernière balle du chargeur de son
assaillant. En effet, il entendit le bruit distinctif d'un chargeur métallique
percutant le macadam souillé de sang et décida immédiatement de contre-attaquer
tant que son adversaire était en position de faiblesse.
Il surgit de
derrière le mur qui le protégeait, braqua son arme vers le seul autre être
humain présent et appuya sur la détente. Il eut tout juste le temps de remarquer
que, contrairement à ce qu'il croyait, le mercenaire qu'il venait de tuer était
bel et bien mort, et que le tireur était un jeune homme aux cheveux foncés.
Le jeune brun ne
put retenir un cri lorsque la balle lui traversa l'épaule droite, le projetant
violemment en arrière. Son pistolet lui glissa des doigts pour rebondir sur
l'asphalte maculé de sang tandis que le mercenaire quadragénaire tirait à
nouveau. Cette fois-ci, la balle ne fit que se perdre avec un bruit métallique
dans un coin sombre de la ruelle, laissant le temps au jeune de courir se mettre
à l'abri.
Nicholaï se
lança immédiatement à sa poursuite, décidé à mettre fin aux jours du jeune
homme. Son imprudence lui valut de recevoir un violent coup de poing lorsqu'il
s'engagea dans la ruelle qu'avait emprunté le brun. Le choc l'envoya au sol,
donnant ainsi au jeune l'opportunité que ce dernier attendait. Son pistolet
était à seulement un mètre à sa gauche. Il se pencha vivement pour le ramasser
mais Nicholaï fut plus rapide que lui.
"Fais ça et tu meurs dans la seconde."
Le jeune se
figea un instant puis tourna la tête en direction de Nicholaï. Ses yeux bleus
fixèrent sans ciller le mercenaire, semblèrent le sonder.
"Tu me tueras de toute façon, non ?"
Nicholaï se releva énergiquement et éloigna d'un coup de pied le flingue du
jeune, avant de le forcer à se redresser en le tirant par un pan de son
débardeur autrefois blanc mais où ne subsistaient que quelques taches de sa
couleur originelle, le reste du tissu étant imprégné de sang.
Le jeune homme
avait les yeux rivés sur les cadavres des deux mercenaires de l'UBCS que
Nicholaï venait de descendre. Ce dernier le ramena à la réalité en serrant
violemment son épaule blessée.
La douleur était insoutenable. Le jeune essaya de se dégager mais Nicholaï
colla immédiatement le canon froid de son Sigpro contre son front ombragé de
mèches châtain. Il sentit son sang couler entre les doigts du russe et glisser
le long de son bras. Les questions se bousculaient dans sa tête mais le plus
urgent était de trouver un moyen de se tirer d'affaire.
"Qui es-tu ?"
demanda Nicholaï. Ce jeune avait éveillé sa curiosité, il voulait au moins
savoir ce qu'il faisait dans la vie de tous les jours avant de l'envoyer
rejoindre la liste de ses victimes.
Le jeune inspira profondément. Son épaule lui faisait de plus en plus mal.
Il lui fallait trouver un moyen de se débarrasser de lui au plus vite.
"Chris. Chris Redfield. Je suis du STARS."
Nicholaï
écarquilla les yeux. Umbrella offrait une somme d'argent assez importante à
quiconque les aiderait à se débarrasser des membres survivants du Special Tactic
and Rescue Service. C'était une occasion à saisir s'il voulait renflouer sa
caisse d'épargne...
Le problème
résidait dans le fait qu'Umbrella demanderait certainement des preuves...
Chris sentit que
les choses étaient sur le point de dégénérer dangereusement en voyant un sourire
satisfait apparaître sur le visage du russe. Il écarquilla les yeux lorsque
celui-ci baissa son arme.
"Dans ce cas... Je ne peux pas te tuer."
Chris le fixa d'un air plus que dubitatif. Il continua donc :
"J'ai flingué ce soldat parce qu'il avait assassiné son coéquipier. Il avait
perdu la tête.
- Je suis censé te croire ?
- Je peux pas t'y obliger, mais par les temps qui courent, il vaut mieux
faire équipe."
Sans attendre de
réponse positive, Nicholaï marcha en direction de la ruelle qu'il allait
emprunter quelques minutes plus tôt. Bien que sceptique, Chris ramassa son
pistolet et avança à la suite du russe. Au pire, il était maintenant capable de
flinguer cet homme suspect.
Ils arrivèrent
bientôt dans ce qui avait été l'une des principales artères de la ville. Des
véhicules, pour la plupart accidentés, rendaient la quasi-totalité des routes
impraticables à moins d'être en possession d'un bulldozer.
Nicholaï passait
entre les véhicules à la recherche d'une voiture capable de rouler encore au
moins une cinquantaine de kilomètres. Chris le laissa faire pendant qu'il
bricolait le contact d'une 4x4. Le russe le rejoignit en entendant vrombir le
moteur.
Redfield referma
sa portière et mit les mains sur le volant, puis reconsidéra l'idée de conduire.
La douleur à son épaule était insupportable, et il n'avait franchement pas envie
de mourir dans un stupide accident de voiture dans une ville où il n'y avait
même plus de conducteurs.
"Je crois que je vais te laisser conduire.
- Excellente idée."
CLIC !
Chris tourna vivement la tête, juste à temps pour voir le canon d'un Sigpro
pointé vers sa tête. La détonation fut la dernière chose qu'il entendit.
A SUIVRE...
Note :
Je bosse actuellement sur le 'remake' de Damn Town (Damn Town Rebirth sur NGC
lol). Je compte pas changer grand chose mais bon, y a des passages
à revoir et c'est justement ce que je fais :)
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